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Télétravail et Sobriété énergétique : Le travail hybride est-il plus durable ?

télétravail et sobriété énergétique
Publié précédemment sur LinkedIn

La sobriété énergétique devient un enjeu central pour les entreprises sous pression face à l’envolée des prix du carburant et de l’inflation. Le télétravail apparaît comme une solution magique permettant simplement d’atteindre cet objectif de réduction de la consommation fixé à 10%. Télétravail et Sobriété énergétique ? Beaucoup s’interrogent sur son impact qui, pris dans sa globalité, révèle des résultats plus mitigés.

La complexité de l’évaluation écologique du travail à domicile

Les gouvernements et les organismes publics s’efforcent de mesurer de la manière la plus exhaustive possible l’impact du travail à distance sur la consommation d’énergie. Les études se multiplient et mettent en évidence la complexité de la tâche. Comme le montre ce rapport de chercheurs de l’université d’Essex, “A systematic review of the energy and climate impacts of teleworking”.

Dans une récente étude, l’Ademe a aussi tenté de caractériser les effets rebonds induits par la pratique du télétravail. Logement, relocalisation, nouvelles mobilités, visioconférences, équipements, etc autant de facteurs qu’il faut prendre en compte pour appréhender pleinement les bénéfices des nouvelles organisations hybrides du travail.

Alors que le télétravail s’installe durablement dans nos vies, comment peut-on le rendre plus durable ? Dans quelles conditions cette pratique mène-t-elle à une réduction nette de notre consommation d’énergie ? Dans quelles circonstances les bénéfices de cette pratique l’emportent sur ses effets indésirables ?

Les avantages évidents du travail à distance

Les avantages immédiats du travail à distance ont été détaillés à de nombreuses reprises. En voici quelques exemples :

  • Trajets domicile-travail : les impacts environnementaux associés aux trajets réguliers entre le domicile et le lieu de travail.
  • Congestion routière : le télétravail réduit les trajets routiers au moment des pics pendulaires (matin et soir) et peut également accroître l’attractivité des transports en commun en prévenant leur saturation aux heures de pointe.
  • Flexibilité horaire : plus de latitude aux salariés pour optimiser leurs horaires de départ et d’arrivée et permettent ainsi d’étaler les migrations pendulaires
  • Consommation des bâtiments: diminuer la surface de bureaux nécessaire et les consommations énergétiques associées.
  • Qualité de vie : Les employés, sans avoir à se préoccuper de longs trajets, peuvent vivre de plus en plus loin du bureau, bénéficiant de plus d’espace, d’un coût de la vie moins élevé et d’une meilleure qualité de vie.

… Et leurs effets de rebond

Et pourtant, malgré ces avantages perçus, de nombreux effets indésirables atténuent les bénéfices écologiques potentiels.

  • La consommation d’énergie à domicile pendant la journée de télétravail augmente mécaniquement : chauffage, climatisation, éclairage, Internet, équipements branchés, préparation du repas (électricité, gaz, fuel).
  • La consommation des bureaux ne diminue que très peu : les bureaux chauffés et éclairés à l’identique accueillant uniquement la moitié du personnel font exploser la consommation par employé au bureau.
  • Multiplication des petits trajets : Une mobilité en étoile plutôt qu’en chaîne. Les employés n’ont plus à faire face à de longs et pénibles trajets sur l’autoroute. Pourtant, ils sont désormais susceptibles de faire beaucoup plus de petits trajets locaux, qui peuvent être tout aussi polluants.
  • Relocalisation : le télétravail rend soutenable des distances domicile — bureau plus importantes et accélère la relocalisation des cadres dans les territoires. Cela mène à des trajets moins fréquents mais potentiellement beaucoup plus longs !
  • Visio-conférence : La consommation d’énergie et la sollicitation des serveurs nécessaires aux services de visioconférence génèrent des émissions de gaz à effet de serre.
  • Le doublement de l’équipement informatique désormais nécessaire à la fois au bureau et à la maison.

Télétravail et sobriété énergétique : Solutions pour un travail à distance durable

Le travail hybride est là pour rester. La question centrale est donc maintenant de savoir comment faciliter un système dans lequel le travail à distance peut créer une réduction nette de l’empreinte carbone d’une manière qui équilibre ses avantages et ses conséquences indésirables.

En tant qu’acteur de la transformation du travail, notre mission chez Semana nous oblige à nous questionner sur ces problématiques et la notion de durabilité hybride, ou « Hybrid Sustainability ».

Trois axes clés de réflexions méritent d’être étudiés :

1) Sobriété des bureaux :

Optimiser la densité des bureaux avec une pratique organisée du télétravail permet de réduire drastiquement la consommation d’énergie des bâtiments en évitant de chauffer des étages de bureaux à moitié vides et de dupliquer la consommation d’énergie.

Lorsque la moitié des employés travaillent à distance et que l’autre moitié est dispersée dans les bureaux et les étages, il est difficile pour les entreprises de savoir où elles peuvent faire des économies. En se concentrant sur l’optimisation de la densité des bureaux, les entreprises peuvent consolider leurs effectifs et mettre fin à la surconsommation d’énergie dans les espaces vides. Toutefois, il faut pour cela savoir qui se trouve dans le bâtiment, où et quand.

2) Les transports domicile travail :

La mise en œuvre de plans de mobilité visant à faire le diagnostic de la distribution modale (moyen de transport) des collaborateurs et des émissions de carbone associées permet d’identifier les axes d’optimisation prioritaires. Typiquement, la pratique du télétravail dans les grandes agglomérations dans lesquelles les mobilités douces sont majoritaires réduit faiblement les émissions carbones liées aux transports domicile travail.

Nous utilisons (et gâchons) moins d’énergie à chauffer un bureau de 50 personnes qu’à chauffer leurs 50 appartements

3) Efficience énergétique du domicile :

Cette étude réalisée en collaboration avec la LSE et UCD dresse un état des lieux des actions simples que nous pouvons mener dans notre quotidien pour améliorer notre empreinte carbone en télétravail. Parmi elles, le chauffage, l’électricité, l’usage des technologies sont des pistes d’amélioration.

Bien sûr, le travail à distance ne doit pas être déterminé uniquement par son impact sur l’environnement. De nombreux facteurs importants entrent en jeu dans le passage au flex office. Notamment les implications sociales, le bien-être et la santé, en plus de la productivité des employés. Mais des modèles de travail hybrides durables sont possibles. Il y a toujours des solutions innovantes pour optimiser les lieux de travail et la consommation d’énergie.

Par ailleurs, j’invite chacun à consulter l’outil de simulation développé par Watershed, pour mesurer l’impact environnemental de son organisation. L’outil donne une idée sur : les distances parcourues par les employés, déplacements professionnels, entre autres facteurs. Ainsi, des décisions fondées sur des données peuvent être prises en prenant en compte les caractéristiques propres à chaque entreprise.

Et vous, comment envisagez vous ces objectifs de télétravail et sobriété énergétique pour votre entreprise ? Quelles actions avez-vous mises en place pour améliorer la “durabilité hybride” de votre organisation ?

Contactez-nous pour en savoir plus.